» Les hauts de Hurlevent » d’E. Brontë

Résumé de la 24ème lecture commune du club du 15 juillet 2013

Il existe des livres qui sont comme  la lande: aride, brutale, cruelle .

Il existe des livres qui sont comme les marais, profonds, glauques, insondables.

Il y existe des livres qui se confondent avec le vent, discret, anodin silencieux, mais qui lorsqu’il est déchaîné peut faire des ravages et rendre fous les hommes.

Il y existe des livres que se confondent tellement avec le décor qu’ils posent qu’il nous est impossible de ne pas nous imaginer les lire autrement que bien au chaud, sous une couverture, confortablement installés face à la cheminée.

« Les hauts de Hurlevent » fait partie de ces livres mythiques.Et ce que nous pouvons dire de notre lecture commune c’est que ce roman n’a pas laissé nos lecteurs indifférents.

Résumé:

« Les Hauts de Hurlevent » est une terre inhospitalière,  sans cesse malmenée par le climat.

La famille Earnshaw  y vivait pourtant parfaitement heureuse . Mais un soir en revenant de voyage le père de famille Mr. Earnshaw annonce qu’il a trouvé sur la route un jeune bohémien Heathcliff qu’il a décidé d’ adopter et d’aimer .
Mais l’aîné de la maisonnée le prend tout de suite en grippe et au final Heathcliff ne trouvera jamais sa place dans la fratrie.

Méprisé et malmené par passion destructrice  pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique.
Par un jeu habille plein de perfidie il va réussir à s’approprier la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et frustre.

Ressenti général du club:

Ce roman est tout d’abord indissociable de son auteur. On ne peut comprendre toute l’étendue de la fureur des Hauts qu’en connaissant l’histoire d’Emily Brontë.

Fille de Pasteur, elle a passé toute sa courte vie paisiblement dans la lande entourée de ses frères et soeurs.
Comment alors une jeune fille qui a vécu si peu a pu délivrer à ses lecteurs tant de rage et de passion entremêlées ?
Et c’est bien là toute la force à la fois de ce chef d’oeuvre et du génie de cet auteur qui donnent à voir toute la grandeur et la décadence de l’âme humaine.
Le tout dans une prose parfaite et maîtrisée. Le style leché d’Emily Brontë sert alors à merveille l’intrigue.

Il faut reconnaître un talent incomparable de la romancière à nous décrire les arcanes du coeur et la psychologie de l’être humain. Elle met en oeuvre un éventail impressionnant de personnes profondes, denses et complexes. En quelque phrases elle arrive à dresser des portraits saisissants de  férocité, de bestialité, de rudesse ou encore plein de grâce, de charité et de miséricorde.

Tout d’abord parlons un peu du paysage en lui même.
Acteur à part entière de ce classique, il  participe activement à l’atmosphère toute particulière de cette malédiction familiale . Tout est mis en oeuvre pour que le lecteur se sente peu rassuré, mal à l’aise voir même oppressé. L’auteur donne tant de force à ses descriptions des landes des marées qu’on se sent comme plongé au coeur de l’action.
Le vent joue lui aussi un rôle prédominant et semble favoriser et entretenir les brasiers de la folie.

Emily Brontë taille ses personnages comme des pierres précieuses. Rien que ces personnages secondaires sont  d’une exubérance peu courante pour l’époque. Joseph qui apparaît comme un vieux réactionnaire victorien, devient vite exécrable. Liton est à la limite de l’allégorie de la veulerie tant il fait preuve de mollesse et de pleutrerie.

En mettant en scène parallèlement deux couples (l’un honni, l’autre heureux) l’auteur joue avec brio sur les 2 axes du mouvement romantique, c’est à dire à la fois le morbide et la pureté des sentiments amoureux.
Nous avons tout d’abord le paroxysme de la passion dévorante avec le couple Heathcliff et Catherine qui part leur incapacité à s’aimer vont s’autodétruire mais aussi anéantir les êtres autour d’eux.
Heathcliff est l’un des personnages les plus noir de la littérature classique anglaise. Sournois, manipulateur, il ne s’interdit aucune bassesse pour assouvir sa soif de pouvoir et de vengeance. Tel une Némésis il piétine scrupuleusement toute forme de bonheur. Mais il n’est pour autant pas un sadique. Car au final il meurt du feu qui le dévore depuis sa plus tendre enfance. Il meurt pour, par, à cause de Catherine.C’est typiquement le personnage qu’on adore détester et qui nous colle des frissons.
Catherine
quand a elle est aussi un personnage fabuleux et savamment construit. Tout le panache du personnage réside ici dans sa volonté inébranlable. C’est sa vanité qui va la mener à sa perte. L’orgueil chevillé au corps elle garde le contrôle sur son statut et sa position quite pour cela à renoncer pour toujours à son âme soeur. Il atteint une force impressionnante après sa mort en  Poltergeist revenant tourmenter celui par qui elle a souffert.

Ce couple terrible fait écho de façon étonnante à Cathy et  Hareton. On retrouve de nombreux traits communs dans les fondations des caractères de ses personnages. Hareton comme Heatcliff a était dépossédé de ses biens et réduit à la servilité. Cathy quant a elle est appelée à une vie oisive et confortable.
Mais c’est leurs comportements, et les choix qu’ils vont faire qui va leur permettre de briser la malédiction qui les entoure.
L’auteur propose ici une lecture intéressante sur l’importance du déterminisme social et familial et sur l’influence du libre arbitre sur des destinées très similaires.

Cependant c’est un roman qui n’a pas fait l’unanimité.
Le démarrage du bouquin fait en effet fait l’objet de critiques .En choisissant d’utiliser des personnages secondaires et éloignés du cours de l’intrigue, l’auteur propose une trame nouée et alambiquée. La servante Nelly et le locataire M Loockwood sont au final un prétexte maladroit pour donner du corps à l’histoire.
Et surtout le fond du roman est apparu aux yeux de certains de nos lecteurs trop implacable, trop impitoyable et d’autant plus difficile à supporter de par le réalisme de ses scènes de démences et de déchaînements.

Si il ne fallait retenir qu’un passage:

« Il se tourna brusquement vers le feu et continua avec ce que, faute d’un meilleur mot, j’appellerai un sourire :

 Je vais vous dire ce que j’ai fait hier. J’ai fait enlever, par le fossoyeur qui creusait la tombe de Linton, la terre sur son cercueil, à elle, et je l’ai ouvert. J’ai cru un instant que j’allais rester là : quand j’ai revu sa figure – c’est encore sa figure ! -le fossoyeur a eu du mal à me faire bouger; mais il m’a dit que l’air l’altérerait. Alors j’ai rendu libre un des côtés du cercueil, que j’ai ensuite recouvert ; pas le côté près de Linton, que le diable l’emporte ! Son cercueil, à lui, je voudrais qu’il eût été soudé au plomb. Puis j’ai soudoyé le fossoyeur pour qu’il enlevât ce côté quand je serai couché là, et qu’il fasse subir la même opération à mon cercueil, que je ferai disposer en conséquence. Et alors, quand Linton viendra nous voir, il ne pourra plus s’y reconnaître ! « 

En conclusion;

Un livre à dévorer de toute urgence si vous aimez les classiques complexes et n’avez pas peur de l’ardeur des sentiments humains.

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2 réflexions sur “ » Les hauts de Hurlevent » d’E. Brontë

    • En terminale ??? Wahou ! C’était la deuxième fois que je le lisais et cette fois j’y suis allée en anglais. J’ai trouvé ça difficile même si j’ai adoré cette lecture encore plus que la première, alors je ne peux qu’admirer ton courage à l’époque !

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